« C’est Dieu seul qui a empêché l’impensable » - Donald Trump
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Donald Trump a échappé samedi lors d’un meeting en Pennsylvanie à une tentative d’assassinat qui devrait bouleverser la campagne présidentielle aux Etats-Unis, galvaniser ses partisans et interroger sur le degré de violence politique dans un pays extrêmement divisé. Plusieurs coups de feu ont été tirés en direction de l’ancien président américain dont l’un a transpercé son oreille droite. Un membre du public a été tué et deux autres grièvement blessés. Donald Trump se porte bien, a dit son entourage.
Le tireur a été abattu dans les secondes qui ont suivi la fusillade par des agents du Secret Service, le service de protection des présidents et anciens présidents américains, après avoir ouvert le feu du toit d’un bâtiment situé à environ 140 mètres de l’estrade où s’exprimait l’ancien président. Un fusil semi-automatique AR-15 a été retrouvé près de son corps.
L’auteur des tirs a été identifié par le FBI sous le nom de Thomas Matthew Crooks, âgé de 20 ans. Il vivait en banlieue de Pittsburgh, à une heure de route environ du meeting qui se tenait dans la ville de Butler, à une cinquantaine de kilomètres au nord.
La police fédérale a dit ne pas avoir encore déterminé ses motivations. Il s’était inscrit comme électeur républicain pour l’élection présidentielle du 5 novembre, selon les registres électoraux de l’Etat de Pennsylvanie. A l’âge de 17 ans, il avait fait un microdon à une organisation pro-démocrate.
« FIGHT, FIGHT, FIGHT! »
Donald Trump venait d’entamer son discours à la tribune en fin d’après-midi quand les coups de feu ont retenti, semant la panique dans l’assistance.
Il a porté la main à son oreille droite avant de la regarder et de s’agenouiller derrière le pupitre, où des agents du Secret Service l’ont entouré pour le protéger.
Le candidat républicain s’est relevé environ une minute plus tard, décoiffé, sans sa casquette « Make America Great Again », avec l’oreille ensanglantée et deux traînées de sang sur sa joue droite.
Peu avant d’être évacué dans un SUV noir, il a lancé « Attendez, attendez » aux agents du Secret Service, puis levé le poing serré en direction de la foule en criant : « Fight » (Combat) à plusieurs reprises sous les acclamations de ses partisans.
« J’ai été blessé par une balle qui a transpercé la partie supérieure de mon oreille droite », a écrit par la suite le candidat républicain sur le réseau social Truth Social. « Cela saignait beaucoup. »
Donald Trump a quitté Butler sous la protection du Secret Service et s’est rendu dans son golf de Beminster, dans le New Jersey.
Aucun président ou candidat majeur d’une élection n’avait été visé par balle aux Etats-Unis depuis la tentative d’assassinat du président républicain Ronald Reagan en 1981.
« ILS SONT APRÈS VOUS »
Cette attaque et ses conséquences politiques promettent de rythmer les prochaines semaines de campagne, à moins de quatre mois du scrutin présidentiel.
La plupart des enquêtes d’opinion donnent Donald Trump, 78 ans, et Joe Biden, 81 ans, au coude-à-coude pour l’élection du 5 novembre.
Mais l’agression du président et sa réaction combative, immortalisée par les photographes, devrait accroître ses chances de l’emporter face au président sortant, dont l’état de santé pose question au sein même du camp démocrate, jugent nombre de commentateurs.
Dans les heures qui ont suivi la fusillade, l’équipe de campagne du magnat de l’immobilier a envoyé un texto aux électeurs en leur enjoignant de faire des dons. « Ils ne sont pas après moi, ils sont après vous », disait le message.
Les milliardaires Elon Musk et Bill Ackman ont annoncé leur soutien au candidat républicain.
Donald Trump doit être officiellement investi comme candidat républicain lors de la convention du parti qui commence lundi à Milwaukee, dans le Wisconsin.
« Il n’y a aucune place pour ce genre de violence aux Etats-Unis. Nous devons nous rassembler comme une seule nation pour la condamner », a déclaré dans un communiqué Joe Biden, qui s’est entretenu avec son rival. Son équipe a annoncé avoir suspendu la diffusion de clips de campagne.
LE SECRET SERVICE CRITIQUÉ
La fusillade a rapidement soulevé des questions sur le dispositif de sécurité mis en place pour le meeting, le Secret Service faisant l’objet de vives critiques.
Un témoin interviewé par la BBC a déclaré avoir vu un homme armé d’un fusil ramper sur le toit d’un bâtiment situé près des lieux de l’événement. Il a dit avoir tenté l’alerter les services de sécurité.
Les tirs semblaient provenir d’une zone située au-delà du périmètre de sécurité mis en place par le Secret service, a dit ce dernier. Le FBI supervise l’enquête.
La directrice du Secret Service, Kimberly Cheatle, sera auditionnée le 22 juillet à la Chambre des représentants par l’Oversight Committee.
« Les Américains réclament des réponses », a déclaré la commission parlementaire chargée de superviser l’action du gouvernement et des agences fédérales.
« Comment un tireur armé d’un fusil a-t-il pu se faufiler jusqu’à un toit aussi proche d’un candidat à la présidentielle? » s’est interrogé le militant conservateur Jack Posobiec sur X.
« HYSTÉRIE »
Les républicains et les démocrates ont condamné unanimement cette agression et la « violence politique », mais plusieurs élus du camp trumpiste ont également accusé les démocrates d’avoir créé un climat délétère par une « rhétorique incendiaire ».
« Depuis des semaines, les dirigeants démocrates alimentent une hystérie ridicule selon laquelle la réélection de Donald Trump signifierait la fin de la démocratie en Amérique », a déclaré le représentant Steve Scalise, numéro 2 républicain de la Chambre, lui-même visé par des coups de feu en 2017.
« Ce n’est pas un incident isolé. L’affirmation centrale de la campagne de Biden est que le président Trump est un fasciste autoritaire qui doit être stoppé à tout prix. Ce discours a conduit directement à la tentative d’assassinat », a déclaré sur X le sénateur républicain de l’Ohio J.D. Vance.
Donald Trump est quant à lui visé par plusieurs procédures judiciaires pour avoir appelé ses partisans à refuser le résultat de l’élection présidentielle de 2020 lors de l’assaut du Capitole du 6 janvier 2021 et continue d’affirmer que la victoire lui a été volée par Joe Biden.
Président des Etats-Unis de 2017 à 2021, il a facilement écarté ses rivaux à l’investiture républicaine pour l’élection présidentielle, rassemblant autour de sa candidature jusqu’à ceux qui avaient pris leurs distances avec lui après l’insurrection du 6 janvier 2021.
Se présentant toujours comme une victime de « l’Etat profond », il a promis un « bain de sang » s’il n’était pas élu, en laissant également entendre qu’il pourrait refuser le résultat de l’élection.
« Cette tentative d’assassinat crée de la sympathie pour Trump », constate Brad Bannon, un stratège démocrate. « Cela confirme aussi auprès des électeurs l’idée que quelque chose ne va fondamentalement pas dans ce pays, ce qui ne peut que le conforter. »
« Si le pays n’était pas un baril de poudre, c’en est un maintenant », a commenté Chip Felkel, un républicain opposé à Donald Trump.
L’auteur de la tentative d’assassinat identifié
Le FBI a identifié un jeune homme de 20 ans, du nom de Thomas Matthew Crooks, comme l’auteur de la tentative d’assassinat de l’ancien président américain Donald Trump, blessé à l’oreille droite par un coup de feu samedi en Pennsylvanie.
L’homme a été abattu par le Secret Service, le service de protection rapprochée des présidents et ex-présidents américains, quelques secondes après avoir tiré plusieurs fois avec un fusil en direction du candidat républicain à la présidentielle du 5 novembre lors d’un meeting en plein air à Butler.
Un membre du public a été tué et deux autres ont été blessés.
Le FBI a dit enquêter sur les motivations du tireur.
Thomas Matthew Crooks vivait à Bethel Park, en banlieue de Pittsburgh en Pennsylvanie, à environ une heure de route de Butler. Il était enregistré comme électeur républicain, selon les registres de l’Etat, et aurait voté pour la première fois à l’élection présidentielle de novembre.
Selon un document de la commission électorale fédérale, qui est chargée de veiller à l’application de la loi sur le financement des campagnes électorales, Crooks avait, à l’âge de 17 ans, fait un don de 15 dollars à ActBlue, un comité d’action politique qui lève des fonds pour les démocrates.
Agé de 53 ans, le père du tireur, Matthew Crooks, a déclaré sur CNN qu’il essayait de comprendre ce qu’il s’était passé. Il a ajouté qu’il s’entretiendrait au préalable avec la police avant de s’exprimer publiquement sur son fils.
Thomas Matthew Crooks ne portait sur lui à Butler aucun document permettant de l’identifier.
Son domicile, tel que signalé dans les registres électoraux, a été investi par des dizaines de véhicules des agences de sécurité. Une équipe de déminage était également présente par précaution, a rapporté USA Today.
Les dirigeants mondiaux choqués et inquiets après l’attaque contre Trump
De nombreux chefs d’Etat et de gouvernement ont rejeté et condamné dimanche la violence politique, certains y voyant une menace pour les démocraties, après la tentative d’assassinat de Donald Trump pendant un meeting de campagne la veille en Pennsylvanie.
L’ancien président américain a été légèrement blessé par balle à l’oreille. Un militant a été tué lors de l’attaque et deux autres ont été grièvement blessés. Le tireur a été abattu.
Dans un message sur X, le président français Emmanuel Macron a déploré « un drame pour nos démocraties ». « La France partage le choc et l’indignation du peuple américain », a ajouté le chef de l’Etat après avoir adressé à Donald Trump ses voeux de prompt rétablissement.
« Cette attaque contre le candidat Donald Trump est ignoble », a renchéri le chancelier allemand Olaf Scholz sur le même réseau social. « De tels actes de violence menacent la démocratie. »
« En démocratie, les élections se décident par les urnes et non par les armes. Dans ces heures sombres pour la démocratie américaine, mes pensées vont aux victimes de cette attaque », a déclaré la ministre allemande des Affaires étrangères, Annalena Baerbock.
Un porte-parole du secrétaire général des Nations unies Antonio Guterres a condamné la fusillade, la qualifiant d' »acte de violence politique ».
Le Premier ministre japonais, Fumio Kishida, a déclaré: « Nous devons être fermes face à toute forme de violence qui pose problème à la démocratie. »
Le Premier ministre britannique, Keir Starmer, a dit avoir été « abasourdi par ces scènes choquantes ». « La violence politique n’a pas sa place dans nos sociétés et mes pensées vont vers toutes les victimes de cette attaque. »
Le Premier ministre australien, Anthony Albanese a estimé que la fusillade était « inquiétante ». Son homologue canadien, Justin Trudeau s’est quant à lui dit « dégoûté », ajoutant: « La violence politique n’est jamais acceptable. »
Même tonalité chez le président ukrainien Volodimir Zelensky qui s’est dit « horrifié » par cet acte. « La violence ne doit jamais prévaloir », a-t-il dit sur X.
Le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, a dit avoir été choqué par l’attaque. Le chef du gouvernement hongrois, Viktor Orban, qui a rencontré Donald Trump cette semaine, a de son côté déclaré que ses prières étaient avec l’ancien président américain « durant ces heures sombres ».
La Chine a exprimé son inquiétude, par la voix du ministère des Affaires étrangères.
Le président brésilien Luiz Inacio Lula da Silva a dénoncé une attaque inacceptable et a appelé à la condamner.
« L’attaque contre l’ancien président Donald Trump doit être condamnée avec véhémence par tous les défenseurs de la démocratie et du dialogue en politique. Ce que nous avons vu aujourd’hui est inacceptable », a-t-il dit.
Le Premier ministre indien, Narendra Modi, a qualifié Donald Trump d’ami et lui a souhaité un prompt rétablissement, tout en condamnant fermement l’incident.
« (Je) condamne fermement cet incident. La violence n’a pas sa place en politique et dans (nos) démocraties. »
« C’est Dieu seul qui a empêché l’impensable »
« C’est Dieu seul qui a empêché l’impensable », a réagi Donald Trump sur son réseau social Truth. « Nous n’aurons pas peur, mais resterons résilients dans notre foi », a poursuivi l’ancien président des Etats-Unis. « Il est plus important que jamais que nous soyons unis et montrions notre véritable caractère en tant qu’Américains », a conclu Donald Trump.